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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 15:29


    

Source de son existence

 

La danse est née, Dieu sait quand ! de façon spontanée. Un jour, ressentant le besoin d’extérioriser un trop plein de sentiments, quelqu’un s’est mis à danser. Il s’agit, ici, de la danse en général.

La danse flamenca, elle, n’a pas d’autre origine que l’adaptation, par les Gitans, de rythmes déjà existants. Andalous et Gitans, vivant en symbiose à partir du XVe siècle ont « flamenquisé » les musiques sur lesquels ils dansaient ; musiques qui venaient du folklore local, voire de régions plus reculées.

Les Andalous ont toujours fait preuve d’une réelle aptitude à danser quasiment atavique. Comme le dit Ricardo Molina : « le substratum du chant est tellement ancré qu’il se confond avec cette capacité innée que possèdent les Andalous pour chanter et danser » : un véritable substratum du chant et de la danse.

Les citations des auteurs classiques abondent dans ce sens. Avenio en parle dans son « Ora Maritima » lorsqu’il fait, avec admiration, l’éloge de l’extraordinaire sens du rythme des habitants de la Bétique, c’est-à-dire les Andalous.

Un autre témoignage est apporté cette fois par Marcial et Juvenal, pour qui la grâce des danseuses Phéniciennes, que l’on amenait de Cadix à la métropole de l’Empire afin de réjouir les plus fastueux festins de Rome, était sans pareille. Aujourd’hui encore cette grâce peut être observé à Cadix ou les femmes semblent danser lorsqu’elles traversent simplement la rue. Toute personne qui visite Cadix peut s’en rendre compte facilement.

La danse flamenca n’est pas une création propre aux gitans ; de même que le chant, elle ne fait pas partie intégrante de leur patrimoine. Pourtant l’apport des Gitans est important ; autant pour les origines et l’évolution de la danse ou que pour la marque personnelle qu’ils ont su lui imprimer.

Evidemment il n’est pas nécessaire d’être Gitan pour bien danser le flamenco mais il faut reconnaître que cela ajoute ce petit quelque chose, difficile à définir, qui donne à la danse un « plus » indiscutable. Sans même avoir étudié la technique des écoles, le Gitan danse, par instinct. Il possède en effet l’essentiel : la sensation du mouvement, aussi naturelle que la respiration.

 

Premières références

 

Les premières allusions littéraires, à propos de musique et précisément de danse gitanes en Espagne, apparaissent déjà au XVIe siècle ; par exemple dans les œuvres de Gil Vicente, Lope de Vega et, plus tard au XIIe, chez Cervantes. Au XVIIe siècke, Ramon de la Cruz parle, pour la première fois de seguidillas gitanes. Cependant il faut bien tenir compte du fait que toutes ces citations, comme bien d’autres encore, ne font nullement référence au flamenco. Il s’agit simplement d’allusions à la musique populaire hispanique interprétée, comme cela est souvent dit « à la manière gitane ».

La première référence concrète à ce qui peut déjà être considéré comme du flamenco se trouve dans une œuvre de Serafín Estébanez Calderón, en 1846, « Scènes Andalouses ». Dans le chapitre, intitulé « Danse  à Triana », l’auteur énumère des noms précis de chants et de chanteurs qui appartiennent déjà, en tout bien, tout honneur, au monde du flamenco. Nous y trouvons aussi une liste de noms de danses et de danseurs déjà reconnus.

Une fois de plus même si intuitivement nous sommes persuadés que le flamenco et plus précisément la danse remontent à loin, il est vrai que nous n’avons aucune référence qui puisse témoigner sérieusement de leur présence, de leur existence avant le XVIIIe siècle. Et tant que le contraire ne sera pas prouvé, nous serons obligés de nous en tenir à cette période.

 

Caractéristiques de la danse flamenca

 

Le chant à toujours eu la faveur des connaisseurs et bon nombre d’amateurs lui portent un intérêt spécial, le tiennent pour supérieur à la danse. Toutefois cette hiérarchisation est très subjective, voire discutable dans bien des cas.

En revanche, il est clair que la danse fascine plus facilement et plus rapidement le public de non-connaisseurs. De par sa nature la danse est  plus extravertie et ses possibilités de communication sont plus nombreuses. Elle fait davantage appel aux sens que le chant : l’oreille et la vue sont sollicités ensemble ; il est donc plus facile, ainsi, d’entrer dans son monde, de la comprendre et de l’apprécier. Voilà pourquoi les non-connaisseurs préfèrent la danse bien souvent. L’intérêt que suscite une figure en mouvement enchante plus de personnes à la fois qu’une simple voix, même si sa plainte est terriblement poignante.

Le danseur et la danseuse ont à leur disposition plus de moyens pour séduire. Ils sont favorisés par l’enchaînement des jeux de jambes, de bras, les battements de mains, les coups de talons et de pieds, la ceinture qui se plie, le torse qui s’étire, les nombreuses expressions du visage. Tout cela impressionne bien plus les profanes que le chant . Voici pourquoi, dans les salles de spectacle qui proposent du flamenco, la danse reste la principale attraction, surtout si ces salles ne reçoivent que des touristes néophytes, le but n’étant malheureusement que commercial.

A l’observation précise de la danse il apparaît que, chez l’homme, certaines attitudes prédominent : le torse est étiré, les pieds frappent le sol pendant que les bras et les mains restent presque immobiles alors que chez la femme, le jeu de bras déclenche un dynamisme plus marqué des mains et des doigts tandis que le corps se plie, se tord et se contorsionne, rappelant la danse de Salomon, s’enroule finalement dans une spirale ascendante.

Aujourd’hui des similitudes observées entre la danse de la femme et celle de l’homme nous conduisent à redouter un certain relâchement. Les mouvements présentent de plus en plus d’affinités, ce qui entraîne une sorte d’unisexualité gestuelle.

Dans la danse flamenca, la grâce, le style, la personnalité et le duende sont autant de qualités indispensables. Peut-être que danser ne s’apprend-il pas ! La danse peut être améliorée, elle peut progresser, c’est tout. C’est un don en quelque sorte. Ceux qui le possèdent naturellement le perfectionnent, mais ceux qui, hélas n’en bénéficient pas, ne pourrons que répéter de façon froide et fade les pas dictés par les règles de chaque style, parfois avec de réelles qualités techniques mais sans cette grâce, au sens propre du terme, et cette âme indispensables à la danse flamenca.

Nous pouvons observer aussi que, plus une danse est sophistiquée, superficielle, fausse, plus les costumes utilisés sont pittoresques, voire clinquants ; ceux que portent en général les danseurs et les danseuses sont une conséquence de l’évolution de la danse dans le temps et des exigences du spectacle commercial. Les illustrations t photographies du siècle dernier, représentant les artistes et leur tenue de danse, permettent d’observer que celles-ci n’étaient guère différentes des vêtements qu’ils portaient habituellement, même si les jupes étaient un peu plus amples et plus volantées.

Pour renforcer le côté « voyant » du spectacle, la jupe s’est peu à peu, allongée formant une sorte de traîne. Danser avec celle-ci n’est guère facile, et faire en sorte que le mouvement reste gracieux et agile demande une certaine habileté.

Maintenant il faut avouer que les danseuses qui maîtrisent cette technique peuvent compter sur cet élément original pour rendre la danse plus majestueuse tout en renforçant son effet.

Chez l’homme, ce sont les pantalons et les gilets qui, de plus en plus près du corps, ont accentué la beauté de la figure tandis que se généralisait le port de la chemise à gros pois noirs.

La couleur qui prédomine dans les vêtements de l’homme est, sans aucun doute, le noir, pour le danseur, le guitariste ou le chanteur. Il faut donc se méfier des spectacles de danse aux couleurs trop violentes où la chorégraphie disparaît sous les paillettes : plus le costume est voyant, moins « flamenco » risque d’être le travail de l’artiste.

Il faut ajouter qu’il existe un lien étroit entre la danse et l’espace utilisé par le danseur. Un espace scénique minimal est bien s^r nécessaire aux danseurs pour réaliser avec aisance leur mouvements mais il n’est pas de bon ton d’utiliser toute la scène. Autrement dit, la danse flamenca n’est pas une suite rapide de mouvements effectués par l’artiste qui parcourt la scène mais bien plutôt un enchaînement de figures esthétiques exécutées quasiment sur place. La danse flamenca n’est pas une gymnastique, ni un exercice de contorsionniste. C’est une transformation gestuelle continue, construite sur elle-même. Elle est expression plus que mouvement, noblesse plus que geste.

 

Les différents styles de danse flamenca

 

Ne se pliant pas systématiquement aux règles rigides de la danse, l’artiste imprimera toujours une marque personnelle à son travail. Ceci n’est pas en contradiction avec le fait  qu’il existe, évidemment, des pas, des rythmes et des normes qui varient d’une danse à l’autre. Son expression aura beau être originale, le danseur ou la danseuse n’en devront pas moins respecter ces règles établies.

Les rythmes les plus dansés sont les suivants : les soleares, les bulerias et les chants de fête.

Il existe néanmoins des cantes qui ne se dansent pas. Ces cantes peuvent être classés en quatre groupes :

-       Les chants dit à palo seco, sans guitare, à l’exception du martinete depuis peu.

-       Les fandangos grandes et divers chant du Levant dérivés des premiers, comme les cartageneras, mineras, granaínas, média-granaínas, malagueñas ou jaberas.

-       Les chants restés proches du folklore Andalou, plus ou moins flamenquisés comme les nanas ou les marianas

-       Certains chants dits de ida y vuelta (aller et retour) ayant subi une influence hispano-américaine, comme les milongas et vidalitas

Parmi tous ces cantes qui ne se dansent pas, il est une danse, la seule qui ne se chante pas aujourd’hui : la farruca ; bien qu’à certaines occasions elle le soit ; l’anthologie « Hispavox » de 19054 en conserve un exemple exceptionnel grâce au cantaor Rafael Romero.

La tradition a voulu, tant pour le cante que pour la danse, que les différents états de tension crées par l’émotion ou le dramatique soient atténués par un final plus doux. Il en était ainsi pour les seguiriyas qui se terminaient souvent par des livianas pour dédramatiser. (le mot liviana vient du verbe aliviar = soulager).

C’est encore le cas aujourd’hui : la danse qui accompagne les soleares, quand elle atteint son paroxysme, se voit atténuée, adoucie par un passage à un rythme bulerias ou à d’autres  rythmes gais du même style.

Il est possible d’atténuer un état d’émotion « in extremis » en l’allégeant par l’introduction de sonorités plus tempérées. Par contre la tendance actuelle consiste à mélanger indifféremment des styles choisis sans discernement et avec une fréquence assommante est contestable. L’amateur finit par ne plus savoir quel chant il écoute ni quelle danse il regarde. Si les connaisseurs même finissent parfois par ne plus rien y comprendre, il est facile d’imaginer le désarroi et la confusion où se trouvent plongés trop souvent les néophytes !

Heureusement cela n’est pas toujours le cas. Nous avons pu observer que cette tendance qui consiste à enchaîner, de façon malheureuse, différents styles, crée une grande confusion et s’accentue surtout dans le cas des tangos et des tientos. En effet on assiste trop souvent à un passage rapide et inadéquat des tangos aux tientos.

Nous dirons, pour clore, que la danse est une prolongation fébrile du cante. Elle émane de lui, elle s’en nourrit. Il est possible d’entendre un chant sans le voir accompagné d’une danse ; le contraire est plus difficile. C’est un peu comme si la voix du cantaor prenait corps, grâce à un mystérieux ensorcellement, dans une ardente figure humaine. La flamme est animée et maintenue par la voix du cantaor et, comme le disait Cocteau « le danseur se consume dans cette flamme ».

 

 

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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 11:39

Apparition et développement du flamenco

 

« Certains retours ataviques ancestraux du peuple gitan ont permis de faire renaître dans de pauvres mais honorables masures d’Andalousie ce qui dormait depuis des siècles ».

Ces paroles de Caballero Bonald confirment ce que nous savions déjà ; les gitans, très proches des Andalous et ayant bien assimilés leur folklore rendirent possible la naissance du flamenco .

A partir de quand de produisit ce phénomène ? Ríos Ruiz répond à cette question : « jusqu’à leur arrivée en Andalousie et leur installation de Séville à Cadix, installation qui dure près de deux siècles, les Gitans n’ont jamais rien produit de semblable ».

Sachant que les Gitans arrivèrent par le nord en 1462 et qu’il mirent donc un certain temps à parvenir à Séville puis à Cadix, ce que ce processus d’adaptation et d’assimilation des coutumes locales durera environ deux siècles, il est facile d’en déduire que le flamenco, en tant que tel, n’apparaît qu’au XVIII ème siècle.

Généralement les premières références littéraires, à propos du flamenco, sont celles que l’on trouve dans le livre de Serafín Estébanez Calderón « Scènes Andalouses » (1846). Ces références sont très claires et dignes de foi mais il est difficile de les considérer comme les toutes premières. Il en existe beaucoup d’autres, en effet. Rappelons qu’en 1774, José de Cadalso, dans son œuvre « Lettres Marocaines » dit avoir écoute un polo chanté par des Gitans.

En fait, personne ne sait exactement depuis quand se chante le flamenco. Nous pouvons  tenir compte , bien sûr, des références citées mais il est tout à fait probable que d’autres manifestation aient eu lieu antérieurement.  Fernando Quiñones le confirme : « Les grandes lignes actuelles du cante flamenco furent tracées au XVIIII ème, mais leur gestation a duré plusieurs siècles ».

Etant donné que les Gitans se trouvent déjà en Andalousie à la fin du XVème siècle, cette affirmation n’a rien de fantaisiste.

Nous pouvons, par conséquent, considérer que le flamenco, plus ou moins structuré tel que nous le connaissons aujourd’hui a commencé à se manifester clairement cers la fin du XVIIIème siècle.

En fait, malgré ses apparences d’art très ancien, voire primitif, le flamenco n’a finalement que deux siècles d’existence. A cela il faut ajouter que, malgré cette apparition relativement récente, nous n’avons que très peu d’informations sur les quarante, cinquante premières années.

 

 

Principales périodes historiques

 

Pour schématiser nous pouvons dire qu’il faut parler de Préhistoire du flamenco. Mais qu’entendons par Préhistoire ? Il s’agit de la période s’étendant des origines du flamenco à l’apparition du disque. La Préhistoire du cante serait, par conséquent, la période du cante que nous ne pouvons connaître et encore moins écouter.

Cette période est celle des cantes dont on entend encore parler. Quelques références existent mais nous n’avons aucune connaissance auditive de ces cantes. Qu’était la seguiriya de El Planeta ou la cabal de El Fillo ? Nul ne le sait. La mort a enseveli, à jamais, les voix de ces cantaores légendaires.

Ave les premiers enregistrements de flamenco, en 1901, commence ce que nous allons appeler l’Histoire du Flamenco. Ainsi, possédant le document indispensable, c’est-à-dire le document sonore, il nous est enfin possible de savoir comment était le cante. Il en est alors fini des élécubrations plus ou moins fantaisistes, imaginant et tirant des conclusions sur la façon dont chantait Silverio ou El Nitri. Le disque est le témoignage nécessaire : la voix est enregistrée pour toujours. Voilà comment s’écrit l’Histoire du flamenco.

Ces deux grandes périodes sont, malgré tout, susceptibles d’être divisées en étapes plus courtes, plus précises qu’il est possible de classer de la façon suivante :

a) Etape initiale

Depuis le derniers tiers du XVIIIème siècle jusqu’au début du XIX ème siècle. Les premiers grands noms apparaissent. Le premier cantaor connu, Tío Luis el de la Juliana est le premier le patriarche authentique du cante. On sait peu de choses sur lui, hormis quelques allusions faites par un autre  cantaor, Juanelo, qui dit l’avoir bien connu.

b) Le dit « Age d’or » du flamenco

Autour des années 1840-1860, le premier cantaor réellement connu, El Planeta, fait figure de personnage célèbre. Il existe plusieurs références à son sujet . El Fillo, quant à lui, marquera son époque grâce à son extraordinaire personnalité.

c) Apogée du  « Café  cantante »

Pour certains, cette période restera la plus importante de tous les temps ? Des figures exceptionnelles et inimitables naissent, comme Silverio, El Nitri, Enrique el Mellizo, manuel Torre et Chacón. Le cante devient une profession avec tout ce que cela  a de bon et de mauvais. Le cantaor acquiert ses lettres de noblesse.

Frédéric Deval commente cette période : le café cantante constitue une étape essentielle de la professionnalisation du flamenco. Là, le cantaor apprend à construire un récital, la danseuse se mesure à d’autres danseuses, et le guitariste s’efforce d’étoffer son style grâce à la contrainte, à la fois mélodico-harmonieuse de l’accompagnement du chant, et rythmique de l’accompagnement du baile.

d) Le flamenco entre au théâtre : 1920-1940

Il a été dit que Silverio fit sortir le flamenco des tavernes pour le faire entrer dans les cafés cantantes., après avoir fréquenté les cafés cantantes durant de nombreuses années, l’introduisit au théâtre.

En effet, à partir des années vingt, l’horizon s’élargit et le flamenco envahit les théâtres. Les puristes crièrent au scandale, pressentant sans aucun doute la décadence qui conduirait, un peu plus tard le flamenco à l’opéra-flamenco.

Car, il faut bien l’avouer, la massification ne peut que porter préjudice au flamenco. Ríos Ruiz a sûrement raison lorsqu’il affirme que « rien n’a été plus néfaste au cante que la scène ».

Sur la scène des théâtres, le flamenco connaîtra plusieurs périodes. Dans un premier temps, la qualité semble être maintenue. Chacón parvient à maintenir à un certain niveau son cante qui reste excellent bien que le théâtre soit un lieu tout à fait inadapté pour chanter. Hélas, il introduisit, sans doute inconsciemment, trop de modifications modernistes qui imposèrent à ses successeurs une recherche de virtuosité affectée, dépourvue de profondeur. Le cante tout en filigrane, très sonore, très maniéré donna naissance à ce qui fut appelé l’Opéra-flamenco.

e) Le concours national de cante jondo de Grenade : 1922

Ce concours ne représente pas vraiment une période puisqu’il s’agit d’un événement ponctuel. Pourtant son impact fut si grand qu’il marqua l’histoire du flamenco d’une pierre blanche.

Un groupe d’intellectuels et d’artiste, manuel de Falla à leur tête, organisèrent, à Grenade, ce concours, dans le but de revendiquer la pureté d’un art en train de mourir. La concurrence de l’opéra était, il est vrai, impressionnante. Malheureusement, alors qu’intellectuels et artistes répondaient avec enthousiasme à l’appel de manuel de Falla , en collaborant activement à son organisation, le peuple, lui, bouda cette manifestation alors qu’il a toujours été dit que  « le flamenco était la voix du peuple ».

Le premier prix de ce concours fut obtenu, à l’unanimité par El Tenazas et Manuel Caracol. Le petit Caracol, plutôt, car celui-ci n’avait que douze ans !

Hélas, ce concours n’eut pas d’influence positive ; il permit seulement de faire un peu plus de publicité à un art en pleine décadence et d’accélérer sa détérioration.

 

(A suivre)

 

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 10:54

L’origine du Flamenco

 

Le flamenco est intimement lié au monde gitan. Toute analyse le concernant se doit d’étudier le peuple gitan. En effet plus nous connaîtrons celui-ci, plus aisée sera la compréhension, ou ne serait-ce l’approche, du monde mystérieux du flamenco.

 

D’où viennent les Gitans ?

 

Une fausse croyance, entretenue de façon inexplicable durant des années et affirmait que les Gitans étaient des Egyptiens, est aujourd’hui dépassée.

Il suffit de pencher, avec un minimum de rigueur, sur le sujet pour s’en rendre compte. Les opinions les plus sérieuses et les plus dignes de foi s’accordent pour dire que les Gitans sont originaires du nord-est de l’Inde, une zone appelée, de nos jours, Pakistan. Les Gitans sont d’origine hindoue. Ils ne sont pas pour autant aryens car il faut rattacher leur ethnie à la race pré-aryenne qui vécut au début de notre ère et développa une culture riche et brillante, avant d’être soumise par des envahisseurs, venus du nord, des Aryens justement.

 

Les années passèrent et cette culture étouffée reprit ses droits car « l’orgueil des humiliés survit toujours à la vanité des puissants ». (Félix Grande)

Le mystère qui entoure l’origine des gitans a semé le doute dans bien des esprits et plongé dans l’erreur beaucoup de monde.

Il n’est pas question de faire ici, en quelques lignes, toute la lumière sur le sujet mais d’ores et déjà deux affirmations s’imposent :

-       Les Gitans sont d’origine hindoue et non égyptienne.

-       Il ne sont pas arrivés après être passés par les Flandres comme certains esprits farfelus ont voulu le faire croire.

 

Leur longue marche

 

Après avoir supporté de nombreuses vicissitudes, les Gitans s’exilèrent, en masse, vers le IXe siècle environ ; le peuple gitan à préféré fuir plutôt que de combattre. Il émigre. Cette race n’a jamais manifesté d’instincts belliqueux.

Il existe différentes hypothèses quant à leur route et il est assez juste de penser qu’ils ont, effectivement, suivi plusieurs chemins. Malgré tout, la thèse la plus plausible propose le chemin suivant :

Les Gitans quittèrent une région appelée, aujourd’hui Pakistan. Ils ont ensuite, traversé l’Afghanistan, la Perse, l’Arménie, puis longèrent les bords de la mer Noire, ils pénétrèrent en Turquie en se dirigeant vers le sud de l’Europe, en y faisant même quelques incursions. Puis, à l’approche des Alpes, certains se dirigèrent vers le nord, les pays nordiques et la Grande Bretagne ; d’autres s’en allèrent vers le sud, longèrent la Côte d’Azur pour pénétrer, e,fin en Espagne.

Ce long voyage dura des siècles et fut semé d’embûches que nous n’évoquerons pas, car ce n’est pas le but de cet ouvrage. Nous nous contenterons de dire que, à quelques exceptions près, les souffrances ont accompagné le Gitan tout au long de sa route et que, généralement, il était fort mal reçu partout où il passait.

 

 

Arrivée en Espagne et installation en Andalousie

 

En ce qui concerne leur arrivée en Espagne, le pays qui nous intéresse, le document écrit le plus ancien et le plus fiable date de 1425. C’est un sauf-conduit, donné par le roi Alphonse V le magnanime, autorisant l’entrée d’un groupe de Gitans en janvier de cette même année. Les Gitans arrivent donc en Espagne à la fin du premier quart du XVe siècle.

On a pu calculer qu’environ 180 000 gitans entrèrent, ainsi, en Espagne par vagues successivement, passant par les Pyrénées, pour se disséminer, peu à peu, dans tout le pays.

 

Un autre document, de 1462, sert de témoignage pour préciser leur arrivée en Andalousie, où ils firent leur entrée par Jaen.

C’est là, en Andalousie, que les gitans trouvèrent, enfin, une atmosphère propice à la fin de leur longue errance. La principale raison fut, semble-t-il, la grande capacité d’assimilation du peuple Andalou. En effet, durant des siècles, l’Andalousie ayant connu de nombreuses invasions (Tarteses, Phéniciens, Grecs, Cartaginois, Romains, Wisigoths, Arabes …) elle était devenue un grand creuset de cultures. L’ouverture d’esprit des Andalous, habitués à découvrir de nouvelles cultures. L’ouverture d’esprit des Andalous, habitués à découvrir de nouvelles coutumes, facilita l’accueil de ces derniers venus et une symbiose profonde se produisit.

 

Les Gitans refondent la musique Andalouse.

Naissance du flamenco

 

Les Gitans s’adaptèrent très vite à l’Andalousie, assimilant la façon de vivre, les coutumes, le folklore de cette terre.

Bernard Leblon analyse cette situation avec une grande clarté : « Une longue tradition d’hospitalité, un don particulier pour la communication, des affinités, spécialement pour la musique, un sens particulier de la fête, sans oublier le besoin d’artisans et de commerçants spécialisés, tout cela p dû faciliter l’installation des Gitans dans plusieurs régions d’Andalousie ».

Les Gitans possédaient, alors, deux styles de musique très différents : d’une part une musique d type folklorique, gaie, expansive, que l’on pourrait même qualifier de commerciale, et qui leur permettait d’amuser les gens afin d’assurer le pain quotidien.

Ils développèrent, d’autre part, un tout autre genre de musique, plus intime, plus humaine, chargée de valeurs ancestrales, qu’ils jouaient seulement pour eux.

Par ailleurs il ne faut pas oublier que, pour différentes raisons politiques, religieuses, idéologiques ou économiques, d’autres groupes ethniques, très hétérogènes, partagèrent rapidement, avec les Gitans de l’Espagne d’alors, peines et misères : ce sont les Juifs, les Mauresques et d’autres Andalous marginaux. Tous, au sein de leur famille ou par simple solidarité, ont apporté à la musique locale l’écho de leurs souffrances. Les premiers cris naquirent, imprégnés par d’indéniables influences juives et mauresques fondés surtout sur cette compréhension Gitans/Andalous. Ils furent le prélude à ce qui serait, plus tard, le cante flamenco. Voilà pourquoi il fut dit, parfois, que le flamenco était né par besoin.

La participation des Gitans fut donc décisive quant à la formation, la gestation du flamenco. Cependant il faut dire haut et fort que le flamenco n’appartient pas exclusivement aux Gitans, comme beaucoup voudraient le faire croire. Sans eux le flamenco n’existerait pas mais ils n’en sont pas pour autant les uniques créateurs. Les auteurs Molina et Mairena soulignent que : « Avec des matériaux disséminés sur les terre de Séville à Cadix, un peuple nouveau, le peuple gitan, arrivé à la fin du siècle forgera les premiers cantes flamencos en leur intégrant diverses traditions musicales ».

Ríos Ruiz va dans le même sens ; « les Gitans absorbèrent, à la fois le folklore Andalou aux lointains échos orientaux et un recueil de chants populaires, à large gamme musicale et stylistique, pour y injecter une note personnelle en faisant jaillir de cette rencontre quelque chose de neuf : le cante jondo ».

 

La conclusion est donc toute simple : lorsque les Gitans s’installèrent en Andalousie naît le flamenco. Mais cette naissance s’explique aussi par l’originalité de cette terre.

Durant leur longue marche qui les mena à travers tant de pays différents, aux peuples et aux coutumes si variées, jamais la moindre trace ou manifestation qui ressemblerait de près ou de loin au flamenco, ne fut observée.

Le Gitan ne chante pas du flamenco parce qu’il est Gitan. Le flamenco n’est pas une production spontanée de ce peuple mais bien la manifestation musicale produite exclusivement par la cohabitation des Gitans et des Andalous, et ceci, seulement dans certaines régions d’Andalousie.

C’est également la conviction de Félix Grande qui affirme : « Quelles que soient les différentes origines des musiques anciennes qui ont servi la formation du cante , l’important fut le mélange, mélange qui se réalisa seulement et uniquement en Andalousie ».

 

 

(A suivre)

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Virginia Pozo

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